samedi 28 décembre 2013

Concevoir un planeur 3 axes très voilier

Parallèlement au développement des planeurs de voltige, PJM s'était toujours intéressé, depuis ses débuts, à la conception d'un planeur voilier 3 axes apte "à gratter" les jours de petit temps.

Ce fut d'abord "le Sterne" inspiré par un plan 3 vues paru dans Modèle Magazine de 1977, la formule était très simple : l'avant du fuselage abritait le récepteur, la batterie de réception ainsi que les servos d'ailerons et de profondeur ; les ailes se raccordaient sur le plat du fuselage. Le fuselage était simplement terminé par un tube de canne à pêche, ce qui permettait de choisir n'importe quel empennage (nous avions choisi dans cette première version l'empennage papillon).

photographie du planeur "sterne" de Modèle Magazine qui nous inspira


Le choix de l'envergure fut dicté par la longueur assez courte du nez et le caractère compact du fuselage (2 mètres était le maximum pour un fuselage de 90cm de long). Or, dans les colonnes de MRA de l'époque paraissait un article fleuve sur un planeur qui nous plaisait bien et qui correspondait à ce que l'on cherchait : le "Pirat". La longueur du fuselage et les bras de levier du "Pirat" étaient similaires à ceux du "Sterne", il ne nous en fallait pas plus pour adopter l'aile du "Pirat", les empennages étant récupérés sur un fuselage de Nova (Robbe).




L'aile fut construite à l'identique du plan , le profil Eppler 201 fut conservé. Le réglage des ailerons et le dièdre trop faible posa quelques problèmes lors du premier vol. Avec 1kg 300 et 30 dm² de surface, la charge alaire pouvait paraître élevée pour un petit planeur mais l'Eppler 201 s'exprime mieux avec une charge supérieure à 40g/dm². Ce planeur sans être un voilier "pur" ne se défendait pas mal par petit temps, nous avions en partie atteint notre objectif. En partie, car le planeur dépourvu d'aérofreins arrivait souvent vite à l'atterrissage. Le modèle fut réformé après une trentaine de vols et l'arrivée d'un nouveau modèle le Flamingo de Multiplex. Nous envisageons une nouvelle version de ce planeur sur un fuselage d'Axel recoupé (en conservant les empennages papillons) avec cette fois la possibilité de relever les ailerons en guise d'aérofreins.

La cellule du Sterne à nouveau disponible fut réutilisée pour construire un nouveau planeur inspiré d'un petit planeur l'Eumène dont le plan fut put publié dans un MRA d'il y a une vingtaine année.
modèle Eumène présenté par Serge Henry dans le MRA de juillet1992
Nous avions en effet beaucoup apprécié le vol de ce planeur très gratteur qui avait été réalisé par un collègue modéliste. Les proportions de ce modèle semblaient idéales, en multipliant les cotes par un coefficient 1,2 nous obtenions environ un planeur de 2m tout rond. Nous avions supprimé le stabilisateur papillon et étions revenu au forme cruciforme plus facile à régler et à construire. Le modèle avait été construit dans l'optique de l'alléger au maximum, on avait en effet préféré construire les ailes en structure ajourée ainsi que les stabilisateurs. Nous avions conservé le profil originel Eppler 201 puisqu'il n'était pas en cause dans les difficultés que l'on avait rencontré dans le vol du premier prototype du sterne. La verrière opaque après tant d'années avait été égarée et remplacée au pied levé pour le premier vol par une verrière transparente thermoformée dans une bouteille de soda.
Avec une charge alaire en dessous de 40g/dm² et un poids de 1kG100, le vol s'annonçait sans histoire.
Le premier vol eut lieu en 2018 soit presque trente ans après le dernier vol du sterne première mouture! Il vola près d'une heure et on retrouvait toutes les qualités du Sterne et en mieux car l'imprécision sur l'axe de la profondeur avait totalement disparu et le lacet inverse combattu efficacement par le réglage du différentiel de 50% par le programme de l'émetteur de la radiocommande. Cette transformation était un vrai succès et en appelait certainement d'autres.
















Le Sterne NG allégé et modernisé par rapport au premier prototype, né 30 ans auparavant

L'idée nous vint dans les années 95 de réaliser un nouveau voilier "3axes" de notre conception avec une envergure largement supérieure (aux alentours des 3m) car nous avions vu l'importance de l'envergure et de la surface dans les qualités du Flamingo. Nous voulions en même temps ajouter des volets pour calmer la vitesse d'atterrissage. Avec 2m90 et six servos, ce planeur inspiré du Super Rieti (d'aviomodelli) fut pendant longtemps notre plus grand planeur.

Le super Rieti, le fleuron d'Aviomodelli en matière de planeur dans les années 80
Il reprend d'ailleurs le fuselage du célèbre planeur transalpin.
Nous n'avions pas voulu trop innover sur le plan aérodynamique en gardant l'Eppler205 du "Rieti" et une forme d'aile relativement classique (d'abord rectangulaire puis trapézoïdale en bout assez proche du Flamingo de Multiplex).



Baptisé "Bigione" (Fauvette en italien), les qualités de vols de ce planeur ressemblent davantage à celles d'un albatros qu'à celles du petit oiseau des jardins. Le vol majestueux de ce grand planeur tranchait d'ailleurs avec le vol plus "dynamique" du Sterne. Il fit son premier vol en 2004, soit près de 10 ans après sa conception!



















Enfin, pour clore ce chapitre, la dernière réalisation en date qui attend son premier vol est un petit planeur basé sur un fuselage bois "l'ibis" inspiré lui même d'un ancien lancer main de la revue Looping "l'Osiris".
modèle  présenté du plan encarté Looping "l'Osiris"

il s'agit d'un planeur léger conçu dans l'esprit de la formule France avec une aile en double dièdre dotée d'ailerons posée sur le fuselage. Le profil Eppler 193 associé à une faible charge alaire ne vise pas la performance mais le vol tranquille et la chasse aux thermiques . Il faut reconnaître que ce genre de planeur économique est en voie de disparition au profit de planeurs F3J beaucoup plus performant mais aussi beaucoup plus onéreux. Le créneau des planeurs Formule France ou Formule 2000 est intéressante car elle permet de se lancer dans la compétition à moindre coût en développant et construisant des modèles personnels.

L'ibis a fait son premier vol durant l'été 2018 , chargé à 29 g/dm² , en vol de pente , il se comporte comme une plume : très sain, et lent il met son pilote tout de suite à l'aise. Aussi facile dans de petites conditions que dans un vent soutenu, il vole très souvent et s'avère un excellent compromis pour le vol de pente. Il n' a pas encore été essayé en vol de plaine.

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