vendredi 23 janvier 2015

l'attrait des semi-maquettes (suite)

La passion pour le mini planeur s'accompagnait d'une quête de réalisme dans l'aéromodélisme de la fin des années 80. Ainsi, on voyait fleurir chez les artisans et les constructeurs des semi-maquettes plus ou moins fidèles , on peut citer pêle-mêle le Mini Mosquito de Modelhob, le mini twin astir de chez PB Modélisme (d'ailleurs ce distributeur proposait une cette gamme très étoffée de mini du micro phoebus au LS3 de 2m)le mini K6e de Big Production ou le mini JP15-36 de BLS, les constructeurs allemands n'étaient pas en reste notamment KDH qui proposait un nombre impressionnant de reproductions des orchidées de l'époque ASW17, ASW19 et ASW22... Rödel non plus n'y était pas insensible avec ses mini K8, ASK21 et ASK18... Voester également avec ses très jolis Lö100 et mini Orlice.

Il restait donc au groupe PJM de proposer le sien, il fallait qu'il soit français et devait avoir un passé glorieux, nous nous tournions plutôt vers un modèle rétro des années 60 , il nous semblait que le Bréguet 905 Fauvette était le plus adapté avec une géométrie proche de notre premier mini "Le Virus". Le fuselage devait être en fibre sans karman pour pouvoir supporter n'importe quel profil. On s'inspira fortement du plan d'Alfred Bellec paru dans RCM en 1993 ainsi que de celui de Christophe Husson-Charlet qui fit la une de MRA quelques années plus tard. La forme fut commencée en mars 1995 pour être terminée en 1996, le moule fut réalisé à cette époque, mais le prototype ne sortit qu'un an plus tard. Jugé trop lourd à cause d'une mauvaise répartition des masses (300 g de plomb dans le nez, c'était un record!), il fut vite remisé et ce n'est que 10 ans plus tard qu'un deuxième exemplaire vit le jour. Il vola pour la première fois en 2007, l'objectif était enfin atteint après plus de 10 ans de gestation.

la Fauvette sujet du plan encarté RCM de mars 1993 présenté par Alfred Bellec

MRA a publié aussi une Fauvette en plan encarté d'après les tracés de Christophe Husson




Il empruntait l'aile du plan de Christophe Husson qui présentait une surface assez importante, mais nous avions conservé l'Eppler 211 de notre modèle fétiche "le virus", les ailerons semblaient très bien proportionné, il passait d'ailleurs les tonneaux à la perfection, malheureusement l'atterrissage n'était pas de tout repos sans doute avec une charge alaire encore un peu trop forte (42g/dm² avec des cordes à l'extrémité de 7cm, le décrochage près du sol est interdit!) Sans doute, le profil n'était pas très adapté à cette charge alaire, nous regrettions finalement de ne pas avoir pris le profil du plan l'Eppler 203 ou le Wortmann Fx60-126 qui s'était avéré être un bon choix sur le Virus2, une autre fois peut-être...













Le Bréguet905 est le descendant d'une lignée prestigieuse de planeurs, tout d'abord le Bréguet900 qui prépara le retour au premier plan du vol à voile français à la fin des années quarante et surtout du Bréguet901 qui révolutionna son époque et qui décrocha le titre de champion du monde en 1954. Plus tard, le Bréguet904 Nymphale reprit l'héritage du Bréguet901 et fut considéré comme une extrapolation du 901 en biplace
Par rapport à ses glorieux prédécesseurs, il se distinguait par une géométrie plus simple : pas de volet , ni de train escamotable, d'une envergure plus réduite il devait coûter moins cher que ses glorieux ainés. Toujours dessiné par Jean Cayla, il adoptait cependant un dessin vraiment nouveau avec des empennages papillons et un fuselage tout en courbes . Le Bréguet905 surnommé "Fauvette" avait surtout pour objectif de former les vélivoles français aux vols de performance et s'affirmer comme le planeur standard de tous les clubs de l'hexagone.

Sa structure était particulièrement innovante puisqu'elle mêlait à la fois les techniques du passé (le bois et toile) et le dernier cri le composite klegecell/fibre de verre pour certaines partie non développables du fuselage et des ailes. Il effectua son premier vol le 15 avril 1958. Le Bréguet fut ensuite construit en série dans les usines de Aire sur Adour ainsi qu'Anglet, une soixantaine fut produite et commercialisé. considéré à l'époque comme le fleuron de l'aéronautique française, il devait connaître une descendance nombreuse avec le Bréguet906 Choucas (version biplace du 905) qui ne fut jamais qu'un prototype et qui perdit le marché public au profit du Wassmer Bijave, le Breguet907 resté à l'état de dessin et le Siren Edelweiss lointain cousin de la "fauvette" également dessiné par le prolifique J Cayla.

La "Fauvette" connut une carrière honorable jusqu'aux accidents qui eurent lieu à la fin des années soixante (la mauvaise tenue du collage klegecell/acier des empennages sur le fuselage furent la cause d'accidents mortels). L'interdiction sonna le glas de son utilisation dans les aéroclubs, qui par ailleurs l'avaient adopté grâce à ses qualités de vol, ses performances et son aspect très pratique.
Des tentatives de réutilisation des voilures sur un fuselage entièrement nouveau furent menées par Pierre Vaysse et quelques clubs mais sans grand succès. Le trucavaysse n'héritait sans doute pas de toutes les qualités de son ancêtre et tomba rapidement dans l'oubli.


Après des modifications profondes, certaines "Fauvette" ont pu revoler et quelques exemplaires subsistent dans les aéroclubs français, notamment à Grenoble (immatriculation F-CCJM) à la Montagne Noire (immatriculation F-CGZV) et à l'étranger au Royaume-Uni (immatriculation F-AZNV) ainsi qu'au Canada (immatriculation C-FZDM), il n'est pas rare d'en voir dans les rassemblements de planeurs anciens.

La Fauvette n'est évidemment pas une nouveauté au sein de la communauté modéliste, on compte de nombreuses réalisations personnelles aussi bien à petite échelle qu'en GPR, ses formes arrondies, sa ligne assez inhabituelle et ses couleurs chatoyantes ont su attiré de nombreux modélistes. Curieusement, aucune grande marque de modélisme (hormis Cambria avec un kit assez loin du réel et Robert Bardou il y a une trentaine d'année avec un modèle à l'échelle du cinquième) n'a pensé proposer ce sujet, peut-être un vide à combler?

Au début des années 2000, l'offre de modèles réduits était réellement devenue gigantesque avec des importateurs de plus en plus nombreux en France, le planeur trouvait sa place avec de nombreux kits fabriqués en Europe de l'Est, les petits planeurs étaient de retour avec Valenta notamment (K6CR, mini salto...) Mibo (Pilatus, Swift...) Let Model (Super Blanik, Discus...), PG Gerasis (Fox...). Un nous avait particulièrement marqué, il s'agissait du SZD 36 Cobra 15 distribué par Let Model et essayé dans la revue allemande FMT en 2006. Il nous semblait que ce planeur même en petite taille avait des dimensions idéales, cordes généreuses, bras de levier avant confortable, surface du stabilisateur optimal... L'allure de ce planeur nous séduisait beaucoup et finalement il représentait un planeur assez peu reproduit en modèle réduit (si on compare avec le Pilatus B4 ou le K6e par exemple). Malheureusement, à l'époque ce modèle n'était pas importé en France, il est réapparu il y a quelques années chez Royal Model sous la formule libre du vrai (le Cobra17). Peu de documents existent dans les revues spécialisées ou sur le net sur la fabrication du modèle réduit, quelques réalisations perso, comme celles de Patrick Piotte en 3m et 2m nous ont permis de glaner de précieux renseignements.

Comme il n'existait pas de plan valable de ce modèle, nous nous sommes décidés à le construire en s'inspirant de celui décrit dans la revue FMT. Finalement après étude du 3vues du réel, le fuselage de L213 pouvait convenir si on réduisait l'envergure à 2m. Les cordes restaient confortables avec 16cm à l'emplanture et on trichait sur l'extrémité avec 8cm. Nous voulions conserver le Selig3010 qui avait bien réussi au modèle tchèque. Si le fuselage est en résine epoxy et fibre de verre, les ailes ont été réalisées en structure ouverte pour gagner un peu de poids. Par simplification et pour conserver l'esprit du réel, le stabilisateur est entièrement mobile.
Le servomoteur pour la gouverne de profondeur se trouve dans la dérive pour simplifier le mécanisme et pour une meilleure répartition des masses car le bras de levier arrière est plutôt faible. Grâce à cela, le plomb d'équilibrage est des plus réduit. D'une masse moyenne autour du kilo, la charge alaire s'élève aux alentours de 40g/dm², ce qui est la norme pour les appareils 3 axes de plus de 2mètres.

Le modèle fit son premier vol à l'été 2013 soit près de 7 ans après le début de conception. Il faut reconnaître que l'on a eu tort d'attendre si longtemps car ce vol inaugural se passa très bien et ce modèle s'est montré très à l'aise aussi bien dans des conditions moyennes voire faibles que dans le fort vent d'ouest. Il est très facile à piloter et en réduisant les débattements, on est en présence d'un modèle aussi facile en vol qu'un easy glider.







Le SZD36 Cobra15 est un planeur polonais de la classe standard, construit pour le championnat du monde de 1970 à Marfa (Texas), il réalisa d'ailleurs une belle performance lors de cette compétition puisqu'il termina sur les deux marches du podium derrière le remarquable LS1 allemand ( piloté par le célèbre pilote Helmut Reichmann champion du monde de vol à voile à plusieurs reprises). Ce remarquable planeur polonais a été conçu par Okarmus et Mynarski dans la lignée des Foka4 et Foka5, d'ailleurs le dessin du fuselage s'inspire beaucoup du Foka5 avec sa dérive très inclinée et son stabilisateur en T qui semble d'ailleurs identique à celui du Foka5. La voilure adopte le même dessin que son illustre ancêtre, seul le profil a changé (il s'agit du Wortmann FX 61-168 évolutif au FX 60-126-1) SZD comme beaucoup de constructeurs allemands de l'époque faisaient confiance au professeur Wortmann pour la conception aérodynamique de la voilure.
Muni d'un train d'atterrissage, il représentait une amélioration du Foka5 sans pour autant trop s'en démarquer, la structure était principalement en bois avec quelques éléments du fuselage en fibre de verre. Ce planeur fut le dernier standard en bois et toile produit par la société d'état polonaise. Des usines de SZD, il en est sorti 290 exemplaires dont 268 exportés dans le monde entier. Il n'est pas rare d'en rencontrer en Pologne et en Allemagne sur les terrains de vol à voile grandeur car il est apprécié pour sa robustesse, sa finesse assez élevée (38) et ses qualités de vol (y compris acrobatique).











Curieusement, ce planeur n'a pas connu un très grand succès auprès des modélistes contrairement au pilatusB4 qui lui ressemble un peu au niveau des lignes ou de l'ASW15 son contemporain qui a été très largement plébiscité. Pourtant, il constitue une semi-maquette idéale au niveau des proportions ; à part quelques réalisations personnelles, le kit tchèque précité et un kit d'un artisan polonais en grande plume, ce modèle est assez méconnu fort injustement d'ailleurs.

Un projet d'une semi-maquette un peu plus grande avait germé dans nos esprits, nous voulions en effet un modèle plus stable que le cobra avec si possible comme lui un look un peu rétro mais en restant fin et performant , nous nous sommes alors replongé dans la documentation et nous avons retrouvé dans un vieux numéro de Radiomodélisme l'objet de nos rêves, il s'agit du Neukom Elfe S-3 dont la présentation succincte de la maquette à l'échelle 1/5 avait été publiée dans le Radiomodélisme de Février 1970.


un lien vers l'article de présentation du modèle dans Radio-Modélisme

La construction commença en 2008 après avoir exploité à la fois le plan au format A4 de la revue et du 3 vues du livre de Martin Simons sur les planeurs 1965-2000.
Comme le vrai, nous avions décidé de réaliser l'avant du fuselage en fibre de verre et la poutre arrière ainsi que la queue en construction traditionnelle. L'échelle retenue était 1/6.5 ce qui donne une envergure de 2m30 environ, les cordes assez étroites de l'aile impose de choisir un profil adapté aux faibles nombre de Reynolds, nous avions opté pour le wortmann Fx60-100 pour changer de l'Eppler 211 ou des Selig 3021 ou 3010. Le long bras de levier arrière nous a permis de conserver la géométrie des stabilisateurs du grandeur et finalement la voilure possède presque l'allongement du réel (18) ce qui est beaucoup pour un 2m.

La faible documentation à notre disposition ne nous a pas permis de beaucoup détailler la maquette, nous avons essayé de restituer les lignes très fluides du grandeur et le résultat nous convenait assez bien. Le 1er vol ne fut réalisé qu'en 2011 par un vent assez fort et le modèle s'est bien comporté grâce à un vol sain et sans histoire.





Le Neukom Elfe S3 est un planeur suisse de la fin des années soixante de la classe standard descendant d'une longue lignée de planeurs de performance Elfe M et Elfe PM qui brillèrent dans les compétitions des années cinquante. Les Standard Elfe S1-S2 puis S3 furent dessinés et construits par Albert Neukom à Neuhausen en Suisse. Le Standard Elfe finit deuxième des championnats du monde aux mains de Markus Ritzi en 1965 en Angleterre. La version S3 gagna même le championnat de Suisse et le championnat du monde en 1968 avec à son bord l'américain Andrew Smith. Ce planeur de la fin des années soixante avait comme caractéristique de mélanger la fibre de verre pour l'avant du fuselage et le bois pour les ailes et la poutre arrière ainsi que les empennages. la fonction aérofrein comme certains modèles réduits faisait appel aux volets de bord de fuite. Ce planeur fut construit pendant de nombreuses années sous différentes versions et variantes, il fut également proposé en kit avec un fuselage redessiné l'Elfe S4 qui ressemble à ses contemporains ASW15/ASW17 tandis que la version S3 dispose d'un fuselage qui s'apparente aux Libelle, JP15-36...
Il n'est pas rare de croiser sur les terrains grandeurs l'ElfeS4 , l'ElfeS3 plus rarement (on le trouve dans les musées le plus souvent). Il s'agit pourtant d'un planeur historique mais trop méconnu à mon goût des vélivoles et des modélistes.




















2 commentaires:

  1. Bonjour,

    Sur l'Internet votre article est la seule référence au LS3 de PB Modélisme (ref PB9300) que j'ai trouvée.
    Auriez-vous par extraordinaire monté ce planeur vous-même et si oui auriez-vous encore la notice de montage à me faire parvenir sous forme d'un scan ou d'un PDF ?

    Car je viens de le recevoir de PB Modélisme (40€ en déstockage).
    Las, à l'examen du contenu de la livraison il manque :
    - la notice de montage
    - les autocollants
    - une de baguettes balsa (bord d'attaque d'aile 7 x 10 x 810) est fendue à son extrémité.

    Je peux me passer des autocollants et recoller le bord d'attaque, mais sans notice de montage je ne peux pas grand chose car je débute la construction d'aéromodèles.

    Faute de cette notice je devrai renvoyer la commande, ce qui me chagrinerait beaucoup.

    Bien cordialement.
    Jean Fruitet
    St Sébastien / Loire
    jean.fruitet@gmail.com

    PS : C'est en recherchant des références au LS3 que je suis tombé sur votre article, qui m'a beaucoup intéressé, car synthétique bien documenté.
    Avez-vous envisagé de le poursuivre à propos d'autres types de modèles comme les hélicoptères par exemple ?

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  2. Bonjour, merci de votre message , je n'ai pas la notice de montage du ls3 , car je n ai pas monte ce kit. Mais je peux vous retrouvez le banc d essai qui est a mon Avis suffisant pour ne pas faire d'erreur . Il y a aussi steinhardt modellbau en allemagne qui a repris les droits de fabrication du mini ls3 qui vend les plans separement. Attention, toutefois, le ls3 n est pas un planeur de debut, si vous n avez jamais fair de planeur, un panda de multiplex est preferable car le ls3 est un mini tres vif.

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