Hommage à Robert Bardou

Robert Bardou s'est retiré de la scène modéliste et coule des jours heureux dans les Hautes Pyrénées, mais le souvenir de ses modèles et de ses techniques innovantes est encore bien vivace.

C'est vrai, on lui doit beaucoup : tout d'abord nous avons tous fait nos débuts de pilote planeur radiocommandé sur un dérivé du Choucas 270, c'était un grand planeur 2 axes de 2m70 à profil jedelsky avec une flèche très prononcée monté sur un long fuselage "sauce PJM" avec canne à pêche. C'était un modèle étonnant à la fois lent et très stable. Très facile à poser, car pas très fin, il montrait néanmoins toute ses qualités de voilier les jours de petit temps. Les ailes très lourdes (finition à la peinture) le handicapait dans les virages, car il mettait pas mal de temps à répondre.

Nous avions acheté en 1980 directement à Robert Bardou ce que l'on appelle aujourd'hui un "short kit" du Choucas 80 dont le fuselage s'inspirait du dernier né de l'Akaflieg de Munich, le Mü28. Il fournissait en effet le fuselage, la bulle et le capot , les éléments en bois pour construire l'aile Jedelsky ainsi que le dérive et le stabilisateur en expansé coffré. il nous avait livré en plus et gratuitement des noyaux de la version Acro du Choucas.

A la réflexion, il nous semblait que le fuselage du Mü28 était plus adapté à la version acro du Choucas et que la version nécessitait un fuselage plus long. Le fuselage du Mü28 ne mesure en effet qu'un mètre. On allait donc garder le fuselage pour construire la version "Acro".
Cette version fut finalement baptisée "Lutz28" 28 pour faire référence à son modèle d'inspiration "le Mü28" et "Lutz" pour évoquer l'acrobatie et une célèbre figure de patinage artistique.

Nous avions redessiné des empennages, adjoint des raccords "karman" , modifié profondément l'apparence du Choucas-Mü28 originel, mais les qualités de vol demeuraient et c'était bien là l'essentiel.

Une version plus "maquette" vit le jour toujours à partir du dessin de Robert Bardou. Cette fois, nous l'avions équipé de volets "Full Span" avec un mixage volets/ailerons et nous avions changé de profil (Eppler 193 alors que le Lutz28 est équipé d'un Ritz1-30-10). Le modèle se montra plus sage et aussi plus "réaliste" avec une apparence plus proche du grandeur.

L'histoire ne s'arrête pas là, nous avions été séduit par la simplicité et la modularité du fuselage du "Choucas" (un fuselage à assise qui permettait de positionner une aile d'un seul tenant fixée par des élastiques, un capotage venant ensuite sur l'aile cacher les élastiques).
On adopta ce système sur un nouveau modèle fortement inspiré du "Choucas", le moule fut réalisé au début des années 90 avec non pas un plan de joint vertical mais horizontal comme le "Choucas" ; comme son glorieux aîné, nous avions laissé la possibilité de monter n'importe quel empennage (papillon, cruciforme..).

Baptisé "Apex", ce modèle s'inspirait à la fois du "Choucacro" et des planeurs de vol de pente anglais (comme le "Ridge Racer"), c'est un modèle en effet réservé au vol de pente et à l'acrobatie.

une vue du choucacro dévoilé dans un banc d'essai de Modèle Magazine

Le choucacro essayé dans Modèle Magazine par Etienne Bresson

le Ridge Racer de Solent Planes essayé par Guy Desgruelles pour Radio Modélisme

Une première version vit le jour avec des ailes de faible allongement en structure ouverte pour gagner du poids et avec une envergure plutôt réduite (1m80). Doté d'un profil fin le Selig 6060 et d'une charge alaire raisonnable, le modèle est très agréable en vol.

Le Choucas fait partie maintenant de l'histoire du planeur radio-commandé au même titre que l'Amigo ou le Cirrus de Graupner, l'Alpha de Multiplex, le Sigma de Gewalt et quelques autres, l'idée de reproduire le Choucas 70 avec son fuselage en bois nous titille depuis un certain temps, nous avons déjà commencé à réunir la documentation pour rendre vie à ce planeur de légende...